En se qualifiant ce jeudi 9 mai en demi-finale de l’Eurovision, la jeune Eden Golan mène Israël en finale. Elle est désormais favorite, juste derrière Baby Lasagna pour la Croatie.
Une situation extrêmement tendue
Des menaces pesaient sérieusement sur la candidate israélienne. Dans son pays, certains ont tenté de la dissuader de participer au concours. En Suède, tout a été préparé pour assurer sa sécurité, et celle de tous les participants et spectateurs du concours.
Sur le réseau social X (ex-twitter), les Eurofans sur place décrivent des mesures anxiogènes. Drones, snipers… Quelle belle ambiance pour le rendez-vous annuel de la fraternité entre pays !
Lors de la prestation d’Eden, l’UER a mis en place un système « anti-huée », pour couvrir les réactions de la salle. En télévision, nous n’aurons entendu que des applaudissements. Faux. Enregistrés. En réalité, la candidate a été sifflée tout au long de sa prestation et on pouvait entendre « Free Palestine » continuellement.
Les drapeaux palestiniens étaient interdits et il a été demandé à certains spectateurs de se calmer sous peine d’être sortis de la Malmö Arena.
Peu avant 23h30, les pays qualifiés de la seconde demi-finale sont annoncés. Surprise, Israël en fait partie.
Le diffuseur italien et la grosse bourde
Info, intox, boulette ou acte malveillant ? Alors que les résultats chiffrés des demi-finales ne doivent pas être connus (puisqu’ils biaiseraient les votes de la finale), Rai a diffusé un bandeau avec le pourcentage de voix reçu par chaque participant.
Stupeur générale, affolement sur les réseaux : près de 40 % pour Israël.
Dans la foulée, Eden avance au classement jusqu’à se classer 2e des pronostics des bookmakers.
Vous connaissez les élections présidentielles françaises ? Vous comprendrez ce qu’il se passe alors en haut de classement. En réponse à cette percée d’Israël, la Croatie favorite gagne encore en pourcentages. Il est plus que probable que les votants se pensent obligés de choisir entre « pro ou anti-Israël », le second choix étant matérialisé par un vote en faveur du Croate Baby Lasagna.
Les réseaux sociaux ne sont pas représentatifs de la véritable opinion générale, mais il nous semblait malgré tout avoir vu plus de messages pro-palestiniens que pro-israéliens. Certaines opinions vivraient-elles donc cachées pour ne se révéler qu’anonymement lors d’événements comme l’Eurovision ?
Nous aurions espéré que cela ne soit pas le cas.
Israël mérite-t-elle de gagner l’Eurovision ?
Elle ne faisait pas partie de nos favorites. Nous prenons le sujet en nous détachant complètement de la polémique et en ne nous intéressant qu’au concours et à son principe de base : choisir la meilleure chanson.
Avant la demi-finale, Eden ne faisait pas partie de notre top 10.
En début de soirée, nous avons sorti notre feuille de score et nous avons noté chaque prestation. Vint le tour d’Eden, et nous ne pouvions que reconnaître que sa prestation était meilleure que celle de certains de nos favoris d’origine.
Pourtant, au moment d’annoncer nos 10 qualifiés, nous avons fait un choix : ne pas y faire figurer Eden Golan.
Par peur ? Par honte ? Certainement pas.
Nous avons d’ailleurs dit en toute honnêteté qu’elle avait une meilleure note que certains de nos qualifiés.
Seulement, trop c’est trop.
Il fallait que toute cette histoire s’arrête et que l’on puisse vivre une finale de l’Eurovision sereine. C’est peut-être égoïste, mais c’est comme ça. On veut vivre un moment de joie et d’unité, pas ressentir la tension et la peur. Il était préférable qu’Israël ne se qualifie pas.
Mais ce qui est fait est fait. Israël est qualifiée. Eden se produira sur la scène de la finale ce samedi. Et elle pourrait gagner.
Et si Isräel gagnait ? Que se passerait-il ?
Première réponse : il serait impossible d’organiser l’Eurovision 2025 chez eux, de toute évidence. Comme cela n’était pas le cas pour l’Ukraine, qui avait dû partager son rôle d’hôte avec l’Angleterre. Mais qui pour co-organiser une édition de l’Eurovision avec Israël ? Qui pour prendre ce risque ? Qui pour assumer cette responsabilité ?
Une victoire d’Israël n’est pas envisageable.
L’UER coupable
Fallait-il bannir Israël de l’Eurovision, comme cela est le cas depuis 2022 pour la Russie ?
Chacun a son opinion à ce sujet. Nous n’avons jusqu’ici pas exposé la nôtre, estimant que là n’était pas notre rôle. Nous ne sommes pas des journalistes spécialisés en géopolitique. Nos avis sur la situation actuelle n’ont aucune valeur.
Pour répondre à la question, nous voudrions en poser d’autres.
Fallait-il bannir la Russie en 2022 ?
Sommes-nous toujours responsables de tout ce que fait notre pays ?
Sommes-nous sûrs de l’irréprochabilité de la patrie qui nous a vu naître ?
Une gosse de 20 ans était-elle censée utiliser un concours apolitique pour s’opposer à son gouvernement ?
S’exciter sur les réseaux sociaux mettra-t-il fin au génocide ?
Utiliser un sujet qui nous dépasse pour se faire mousser est-il louable ?
On vous laisse trouver vos propres réponses.